« Être au bouton », en tournoi de Black-jack, signifie devoir miser, puis parler le premier une fois les cartes distribuées. Le joueur au bouton est donc en quelque sorte l’équivalent black-jack du joueur « under the gun » (UTG) au poker. Position peu enviable, car délicate : le joueur au bouton doit en effet miser sans disposer d’aucune autre information sur les intentions de ses adversaires, lesquels peuvent, eux, s’aligner sur sa mise, voire prendre les contre-mesures adéquates.
Imaginez : vous êtes au bouton à l’entame de la dernière main. Si vous décidez de garder de quoi finir vainqueur si la banque défait toute la table (traduction : vous prenez / visez le first low), tout autre joueur avisé à cette même table ne manquera pas de s’en apercevoir, et de vous confisquer cette position. Vous misez de façon à l’emporter même si la banque paye tout le monde ? (First high) Il se trouvera certainement un de vos voisins pour miser de façon à finir devant vous d’un demi-minbet en cas de paiement !
Alors, que faire ? Quelques trucs et astuces pour retourner la faiblesse en force, desserrer l’étau, briser l’anathème etc. :
1) Semer le souk : le bouton est un moment propice pour employer la technique dite du « twistbet », c’est-à-dire miser un montant qui empêche vos adversaires de vous « benchmarker », c’est-à-dire (bis) de s’orienter par rapport à votre mise pour déjouer vos plans (cf. ci-dessus), de deviner trop aisément vos intentions, notamment parce que vous auriez placé une mise attendue ou stéréotypée, du type maxbet.
Le « twistbet » est une mise qui, non seulement leur fait perdre un temps de réflexion précieux (n’oubliez pas que l’on n’a bien souvent qu’une vingtaine de secondes pour s’exécuter) avec tous les risques d’erreur que cela implique (i.e. le croupier annonce « Time ! » et force votre adversaire à ne plus mettre qu’un ridicule et improductif minbet, ou alors votre adversaire, sous la pression, avance une mise « au pif » qui ne règle rien du tout), mais en plus, les oblige à prendre quelqu’un d’autre pour cible une fois qu’ils ont compris que cette mise vous maintenait au cœur du peloton (par exemple : entre BR2 et BR3) quelle que soit l’issue de la main en cours.
2) Semer le souk (bis) : quitte à donner des informations, à devoir parler en premier, autant donner un coup de pied dans la termitière, et attaquer ouvertement ! Ce faisant, vous forcez la réaction, et poussez éventuellement à l’erreur. Ainsi, en début de tour(noi), il m’arrive de miser x fois le minbet d’emblée, ou de m’en prendre directement au chip leader en misant plusieurs fois mon déficit sur lui. Plus tard dans le tour(noi), cette attaque peut très bien prendre la forme d’un demi-maxbet, voire, plus vicieux encore (mais plus risqué), d’une mise minimale, jouant ainsi la carte d’un « opposite betting » à peu de frais.
3) Semer le souk (ter) : si vous êtes du genre à cultiver une « mise fétiche » (fetishbet, avec des clous et du latex), ne changez rien, et misez ce montant. Cela vous permet de ne donner aucune information que le reste de la table n’avait déjà, et de gagner du temps au passage. Car une fois que le bouton de parole aura passé votre box, c’est vous qui serez dernier(e) de parole à la main suivante, prêt(e) à exploiter cette position avantageuse au maximum.
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BRAVO, Yannick! Cant really do anything about being on the button on last hand, but gotta play it the best we can!
Yup ! This also means, I agree with the whole demonstration about “Wong’s Quandary” you sent me by mail… have a nice summer !