Correctement utilisée, l’option « Surrender » (abandon) peut donner un avantage certain au joueur avisé. Malheureusement, je constate trop souvent qu’il peut aussi s’agir d’une arme à double tranchant. D’autant que le surrender ne sert pas seulement à réduire l’avantage structurel de la maison sur vous comme en cash game. En fait, l’abandon peut endosser de nombreuses fonctions tactiques et stratégiques. En voici quelques-unes, pêle-mêle :
1. Préservation de la bankroll : j’ai tendance, surtout en premier tiers de tour(noi), à faire « surrender » plus souvent que n’y invite la Stratégie de base, histoire de garder le plus possible de munitions pour le « showdown » final, surtout si je touche des mains de m***e comme des 16 contre 8 et consorts.
2. Préservation de la bankroll (bis) : lorsque je m’aperçois que les mains des autres joueurs sont toutes parties pour être payées, j’abandonne plus souvent qu’en SB, histoire d’éviter d’aggraver mon cas en voulant tirer sur un 15 et me faire « swinguer » par le reste de la table. C’est donc une forme de « contrarian strategy ».
3. Défense du leadership : Je suis leader au score. De beaucoup. C’est à moi de parler. Si je mise défensif/gros (par exemple toute mon avance moins quelques jetons) et que mes poursuivants misent petit, je fais littéralement leur job. Voilà un cas typique où je n’aurais aucun scrupule à faire surrender : s’ils misent moins que moi dans l’espoir de me « swinguer » à peu de frais (ils gagnent leur main, je perds la mienne et avec elle mon maillot jaune provisoire) et que j’abandonne ma main, cela revient à faire quasiment du « matchbetting », avec tous les avantages que cela apporte pour le leader.
Les exemples où le surrender facilite la défense de la citadelle sont légion : si le maximum est à 3 000 et que je mène de 650, il me suffira de miser 1 200 pour doubler ma main en cas d’attaque agressive à maxbet pour conserver quand même la tête du classement, tout en ayant la possibilité d’abandonner pour rester premier de la table en cas de victoire annoncée de la banque.
4. Retenter une mise de rattrapage (catch-up bet) : je suis à la traîne, et je veux gagner au moins une place au classement. Je mise en conséquence. Mauvaise main. Tant pis, je retenterai le coup plus tard, dès la main suivante, en usant s’il le faut d’une pseudo-progression (type Martingale, amendée) pour compenser le coût du surrender sur cette main malheureuse !
5. Intoxiquer la table : je ne parle pas ici de lâcher de gros prouts ou d’éternuer à table, mais bien de faire surrender à des moments où cela ne me coûte guère, histoire notamment de faire croire à la table (qui ne me connaîtrait pas) que je ne maîtrise même pas la stratégie de base… Stealth Black-jack !
Voilà pour aujourd’hui. Amusez-vous bien avec ces quelques idées, et n’hésitez pas à me contacter si vous en voulez d’autres !
Tournament vôtre,
KF
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[…] 4) Semer le souk (quater) : si l’option surrender est autorisée à ce tournoi, mettez une mise moyenne-supérieure, voire la moitié du maximum. Si les esprits s’échauffent ou si les cartes s’emballent, vous pourrez toujours doubler à votre tour, et si les choses prennent mauvaise tournure, vous pourrez toujours faire surrender. […]