Article adapté de l’anglais par mes soins et publié avec l’aimable autorisation de Kenneth R. Smith.
Version originale disponible à cette adresse.
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Le niveau moyen du joueur de Blackjack en tournoi a beau avoir sensiblement augmenté en Europe ces quelques dernières années, il demeure que dans la plupart des events, on trouve encore et toujours plein de joueurs inexpérimentés aux tables. Cela est particulièrement frappant lorsqu’on se rend à un tournoi sur invitation en casino, où la majorité des participants n’a que peu voire aucune expérience des tournois. Voilà le genre de situations qui offrent de belles opportunités au joueur talentueux ou expérimenté, mais attention à ne pas oublier d’adapter son style de jeu à ce public.
Patience, patience, patience
Contre des adversaires inexpérimentés, la jouer attentiste est encore plus productif que d’habitude. Des adversaires peu doués ou peu au fait ont plus tendance à miser trop gros trop tôt, et avec ces grosses mises devant eux, ils ont plus tendance à mal jouer leurs mains. Cette façon de jouer faisant littéralement exploser l’avantage de la maison sur eux, autant leur laisser plein d’occasions de s’auto-détruire avant de devoir se soucier des quelconques succès qu’ils pourraient engranger.
Paradoxalement, pour ce genre de joueurs, miser gros dès le départ est la plupart du temps une bonne idée, en fait, au sens où moins on en sait sur ce jeu, plus on doit être agressif. Par bonheur, cette façon de jouer est en général très coûteuse pour eux. Donc, attendez le plus longtemps possible avant de tenter un move de rattrapage. Je ne compte plus les fois où un joueur avec un très gros tapis fout en l’air une bonne partie de sa bankroll avec des décisions vraiment stupides en fin de manche, genre en splittant des 6 contre un 10 à la banque.
Pas de fantaisies
En tournoi, un stratège sait qu’il existe plein de façons subtiles d’obtenir un avantage sur son adversaire. Cela dit, une bonne partie de ces stratégies dépendent d’un certain niveau adverse pour fonctionner, au sens où l’on s’attend à ce qu’il joue d’une certaine façon parce qu’il aura perçu certaines choses. Or, l’imprévisibilité d’un adversaire peu doué rend bien souvent inutiles les stratégies plus élaborées. L’un des meilleurs exemples est sans doute le Surrender Trap, ce piège qui consiste à miser un peu plus que son avance sur son poursuivant, et donc un peu trop, dans l’espoir qu’il va commettre la bêtise de miser trop peu en croyant “garder le low” (= gagner si tout le monde perd). Sauf qu’un débutant ou un sous-doué ne va même pas remarquer que vous avez misé plus que ce que vous avez d’avance sur lui ! Peu de chance que le piège fonctionne avec un adversaire pareil. D’une manière générale, contre des débutants ou des pas doués, mieux vaut rester « scolaire ».
Bien choisir ses mots
Les joueurs qui n’ont que peu ou pas d’expérience peuvent souvent se laisser influencer par les commentaires ou le jeu de leurs adversaires. Utilisez cette tendance à votre avantage. Par exemple, prendre l’assurance, en tout ou en partie, peut inciter les autres à la table à risquer de grosses mises dans ce qui est dans l’absolu une mauvaise décision. Faire remarquer à tel ou tel joueur qu’il a le droit d’augmenter sa mise sans aller jusqu’à la doubler (double for less) peut parfois l’encourager à jouer vraiment mal, genre doubler sur un 12 sans as. Des petits commentaires sur telle ou telle main du dealer peuvent également influer sur le calibrage des mises de ces mêmes joueurs.
Observer leurs mises
Observez vos adversaires pour voir s’ils n’ont pas un système de mises prévisible. Peut-être sont-ils du genre à calmer le jeu après avoir gagné, ou à s’en tenir à une mise particulière jusqu’à ce qu’ils perdent une main. Quand vous devrez miser avant pareil joueur, toute information que vous aurez glanée avant sera bien utile. Si tel ou tel gros miseur a finalement terminé sa série victorieuse, vous pouvez raisonnablement vous attendre à ce qu’il mise plus petit à la main suivante. Si le temps commence à vous être compté, le moment est peut-être propice pour une mise plus importante même si vous êtes au bouton (forcé de parler en premier).
À la fin, jouer la gagne (Take the High)
Si, à la fin d’un tour de tournoi, vous vous retrouvez en face-à-face avec un de ces joueurs, un simple petit changement de stratégie peut vous rapporter de gros dividendes. Lorsqu’on est au bouton à la main finale mais qu’on est leader aux points, il est conseillé de placer une mise relativement petite, légèrement inférieure à votre avance sur votre poursuivant. Ceci l’oblige à gagner sa main quoi qu’il arrive et quel que soit votre résultat. Malheureusement, contre un adversaire maladroit, ce conseil n’est pas valable. Bien souvent, un adversaire maladroit va miser gros, peu importe ce que vous aurez misé avant lui. Par contre, si vous, vous misez le max dans cette situation, il y a de fortes chances qu’il vous imite. Dans ce cas, que la banque vous batte ou qu’elle vous paye, vous gagnez ! La seule façon pour votre adversaire de s’en sortir est de gagner sa main tandis que vous devez perdre la vôtre. Autant dire que votre avantage est énorme. Un commentaire bien placé du genre « ah, c’est toujours comme ça, à la dernière main » peut aussi aider à provoquer ces grosses mises-là.
Et même si votre adversaire se ravise et place une petite mise, cela ne vous coûte guère plus. C’est encore vous qui gagnez si vous êtes payé, et c’est toujours vous qui gagnez si vous ne faites qu’égalité avec la banque et qu’il ne gagne pas sa main.
Face à des gamblers de base ou à des joueurs médiocres, on gagne généralement rien qu’en s’en tenant aux fondamentaux. Assurez-vous d’être encore en lice en fin de manche, et ne prenez aucun risque inutile. Mais surtout, ne surestimez pas vos adversaires. Souvent, vous pourrez compter sur des erreurs cruciales de leur part, erreurs qui vous rendront la tâche plus aisée en fin de tournoi.
6 Commentaires. En écrire un nouveau
Très bons conseils
Saved as a favorite, I like your web site!
Saint-Cloud, my dear !
[…] * Ce qui ne veut pas dire qu’il sera facile à battre ou à gérer. Il faudra adapter quelque peu sa stratégie, un point qui fait l’objet d’un article de Ken Smith, joueur US de classe mondiale, traduit par mes soins. […]
[…] signifiait donc, pour les plus malins, que la moitié des joueurs en présence étaient peu ou prou des débutants ou des maladroits, non habitués au jeu en tournoi et/ou en live, ce qui allait se confirmer par la suite, à deux […]
[…] S’il y a bien un type de joueurs qui ne joue pas optimalement, ce sont bien les joueurs débutants, ou les joueurs enferrés dans leurs fausses certitudes ou leurs vieilles habitudes (qui a dit « les abrutis » ?! :-). Et s’il y a bien une façon d’augmenter ses chances de succès en TBJ, c’est bien en cherchant à exploiter au maximum les erreurs de tels adversaires. En d’autres termes : ne pas commettre d’erreurs soi-même, c’est bien, exploiter celles des autres et les POUSSER à en commettre des critiques, c’est beaucoup mieux, et presque indispensable, je dirais. Autant contre un joueur aguerri (et je ne parle pas de quelqu’un qui répète depuis 15 ans les mêmes erreurs), il faut chercher à jouer selon l’optimum mathématique, autant il faut savoir faire preuve de retenue face à un adversaire débutant ou mal dégrossi. Un exemple : […]